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11/12/2013

Kiev : ces étranges opposants qui occupent la mairie 

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De grands "européens"... nostalgiques de 1941 :

 


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" Bandera, Choukhevitch  -  ils ont combattu pour nous ! "  :   une manifestation de "Svoboda", parti d'opposition. Les deux personnages cités travaillaient avec la SS en 1941-1942.

 

 

Indignation « occidentale » après la tentative  de la police ukrainienne pour expulser les « militants » qui occupaient la mairie de Kiev ! M. Kerry se déclare « écoeuré ». Nos médias font chorus. Voilà des journalistes – et un ministre US des affaires étrangères – bien peu informés.

Qui sont en effet ces « militants » ? Les troupes de choc du parti Svoboda. « Svoboda » en ukrainien veut dire « liberté » ; mais le nom originel de cette formation (rebaptisée en 2004 sur le modèle du parti autrichien de Haider) était : « parti social-nationaliste ukrainien ». Svoboda est anti-russe et antisémite, ce qui n'est pas sans évoquer certains souvenirs dans cette région du monde... Quand ce parti a remporté 2,1 millions de voix aux législatives (2012), l'ambassadeur d'Israël a exprimé sa « préoccupation » : « J'ai entendu des propos antisémites dans la bouche du chef de Svoboda ; c'est très désagréable quand ce genre de force politique arrive au pouvoir », a-t-il déclaré. Citons aussi la protestation à la Douma de Moscou contre Svoboda en 2012 : « C'est la première fois qu'un parti néonazi, qui ne cache pas son antisémitisme et soutient ceux qui collaboraient avec Hitler, entre au Parlement. »

Pourquoi cette « préoccupation » du diplomate israélien et des députés russes ? Parce qu'en 2011, par exemple, Svoboda avait organisé une marche contre un pèlerinage international de juifs hassidiques sur la tombe d'un rabbin... Et il y a plus. Svoboda, et son chef Oleg Tiagnybok, ne ratent pas une occasion de célébrer la mémoire du mouvement UPA (« Armée insurrectionnelle ukrainienne ») de Stepan Bandera. L'UPA était un groupe de combat anti-russe né dans la foulée de l'occupation allemande d'une partie de l'Ukraine en 1918-1919. Ce groupe collabora derechef avec les Allemands en 1941, croyant obtenir ainsi l'indépendance ukrainienne [1]...  Berlin a toujours cherché à détacher l'ouest ukrainien de l'orbite russe ; cette politique constante a réapparu après la chute de l'URSS. Rien d'étonnant à voir Svoboda, héritier revendiqué de l'UPA, marcher sur ses traces au nom de l'Ukraine occidentale. Alors que l'Ukraine orientale (d'où vient l'actuel président Ianoukovitch) est russophone...

 

[ Sur la véritable nature de Svoboda, plus de détails ici. Quelques extraits : << Sobrement identifié comme ''nationaliste'' par la presse occidentale, le dirigeant de Svoboda parade dans les médias aux côtés d’Arseniy Yatsenyuk, représentant de l’oligarque emprisonnée Ioulia Timochenko, et de l’ancien boxeur Vitali Klitchko, revenu d’Allemagne après avoir annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. C’est avec ce triumvirat que le ministre allemand Guido Westerwelle a souhaité entamer un ''dialogue'' après une visite sur la place de l’Indépendance de Kiev (EuroMaïdan) en soutien aux ''centaines de milliers de personnes dont le cœur bat pour l'Europe''... --- La ''mafia judéo-russe'' contrôle le Kremlin, expliquait en 2004 Oleg Tiagnibok. Des juifs qui seraient, depuis la Révolution bolchévique, les agents de la ''russification'', mettraient aujourd’hui le pays en coupe réglée via le gouvernement Ianoukovitch aux ordres du ''juif Poutine'' et prépareraient un ''génocide'' contre la population chrétienne du pays. Des thématiques racistes qui expliquent le soutien, a priori paradoxal, que reçoit Svoboda d’une partie de l’extrême droite russe, elle-même en pointe des manifestations anti-Poutine de l’an dernier, laquelle pourfend sans répit un Poutine ''pédé'' et ''enjuivé''. --- En 2010, Svoboda appelait au boycott d’une exposition consacrée aux massacres de Polonais et de Russes par les Nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale : une ''provocation judéo-polonaise'', selon le bureau du parti... Nostalgique de la collaboration ukrainienne, Svoboda soutient la réhabilitation de la division SS Galicie, partiellement composée de volontaires ukrainiens... >>  Etc : tout est à lire. ]

  

Ceux qui nous étonneront toujours, ce sont les politiciens et les journalistes européens. Leur inculture historique est radicale : ils n'ont jamais entendu parler de l'UPA, et semblent ne même pas savoir que l'ouest et l'est de l'Ukraine sont historiquement différents. Pire : ils ont l'air aveugles en tant que professionnels de l'information sur le terrain ! Puisque leur vigilance n'est pas en défaut quant aux menées d'extrême droite en Europe, comment font-ils pour ne pas « voir » des extrémistes aussi spectaculaires que les hommes de Tiagnybok ? Le « nauséabond » deviendrait-il excusable quand il est anti-russe ?  Ou y a-t-il une autre raison, invisible à l'œil nu ? On attend des explications.


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[1] Le Reich considérant tous les Slaves comme des untermenschen, Bandera déchanta. Mais il rempila après la guerre, en tant qu'agent du BND (services spéciaux de Bonn) chargé d'entretenir – pour le compte de Washington et de la République fédérale – une agitation antisoviétique dans l'ouest de l'Ukraine : agitation qui dura jusque dans les années 1950.

 

 

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Le chef du parti rendant hommage à Bandera.

 

 

Commentaires

AVEUGLES VOLONTAIRES

> même topo lors des manifs anti-Poutine à Moscou : les reportages télé montraient des centaines de drapeaux néonazis, que les commentateurs français ne "voyaient" littéralement pas ! Aveugles volontaires.
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Écrit par : Quiniou / | 11/12/2013

ECLAIRAGE

> Merci pour cet éclairage.
Depuis qu'on parle de cette affaire, je n'avais ni lu ni entendu une quelconque analyse de ce mouvement que nos medias soutiennent : forcément, un anti-russe pro-européen ne peut être un méchant.
Bande de c***.
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Écrit par : PMalo / | 11/12/2013

PASSé TRAUMATISANT

> Ukrainiens et Russes ont beaucoup de mal à se libérer de leur passé traumatisant, avec ses crimes de masse, ses guerres civiles, ses haines à n'en plus finir. Cela saute aux yeux, avec de tels faits d'actualité.

Nostalgie du national-socialisme d'un côté, nostalgie de Staline de l'autre, désir aussi d’enfouir la mémoire, de l’effacer – et détestation du juif, du caucasien...

Ces peuples ont besoin de se réconcilier avec leur passé, avec eux-mêmes et avec les autres. Malheureusement, l’Ukraine et la Russie sont des déserts spirituels ; et de toute façon, le seul langage qu’ils connaissent c’est celui de la violence pétrie d’amertume.
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Écrit par : Blaise / | 11/12/2013

VOCABULAIRE

Exactement.
une telle unanimité devrait les pousser à chercher.

Et ça, à propos du Centrafrique : "les violences qui opposent milices chrétiennes et musulmanes."

souvenir : ce que disaient les journalistes du temps de la Guerre Froide " en URSS, les troupes du ministère de l'Intérieur..."
autrement dit : le KGB !
Pourquoi ne pas le dire ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 11/12/2013

PAS DE BON CAMP

> Eh oui! la naïveté consiste à vouloir identifier un « bon » camp... Poutine est une crapule, bien sûr; mais il ne s'ensuit pas que les groupes qui s'opposeraient à lui seraient automatiquement meilleurs.

La réalité est complexe, tortueuse. On ne peut même pas parler d'un jeu à deux : la Russie, l'Ukraine. Comme si l'Ukraine, le peuple ukrainien formaient un bloc.
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Écrit par : Blaise / | 11/12/2013

OTAN

> Les groupes extrémistes violents ne sont gênants que chez soi. Ailleurs ils peuvent être utiles. Souvenons-nous que l'adhésion de l'Ukraine à l'Europe fait partie du grand plan anti-russe de l'OTAN. La diabolisation de Poutine ou Assad, après Saddam Hussein, permet à l'Occident sous domination américaine d'avancer ses pions. C'est le retour aux pires époques des relations internationales.
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Écrit par : Guadet / | 11/12/2013

RIEN DE MORAL

> Bon exemple, Saddam Hussein : le fait - indéniable - qu'il ait été un salaud de première a permis de légitimer une guerre qui n'avait rien de moral.

Mais n'oublions pas le gentil Obama et ses drones : c'est lui qui avait justifié l'exécution extra-judiciaire d'un citoyen américain et de son fils de seize ans. Aux Etats-Unis pourtant la peine capitale n'est pas applicable aux jeunes de cet âge.

Vouloir être pro américain, pro russe, voire pro Assad c'est le comble de la bêtise. Ce n'est pas parce que certains dirigeants sont des brutes, qu'ils ont du sang sur les mains, qu'il faut interrompre les relations diplomatiques, leur déclarer la guerre, affamer leur peuple via des sanctions économiques injustes.

Une politique responsable consiste à viser le moindre mal. Churchill et Roosevelt se sont alliés à Staline, qui avait pourtant pas mal de crimes à son actif. Et c'était encore ce qu'il y avait de mieux à faire.
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Écrit par : Blaise / | 11/12/2013

NON A LA PROCHAINE

> oui et on n'a pas encore eu la guerre Etats-Unis / Chine qui à mon avis, se profile à l'horizon pour la suprématie économique mondiale.
Washington nous priera de nous aligner.
Il faudra dire non.
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Écrit par : E Levavasseur / | 11/12/2013

INSIGNE

> Ils sont chouettes les grands démocrates antirusses soutenus par nos médias. Sur la photo reproduite en tête de la note de PP, voyez les brassards jaunes et l'emblème dessus. J'ai vérifié par Google. C'est... l'insigne de la division SS Das Reich. Ja ja, Europa !
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Écrit par : smersh / | 11/12/2013

DAS REICH usw

> Pour mémoire: "das Reich" a été transférée en France à la fin de la guerre, avant de se battre en Normandie, elle elle s'est illustrée à Oradour.
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/12/2013

INCOMPATIBLES

> C'est la logique propre à n'importe quel rassemblement qui produit ce phénomène... Les manifestants qui protestent dans les rues de Kiev, démocrates et fascistes, peuvent communier pour un bref moment dans une même détestation de Ianoukovytch, - leurs conceptions politiques demeureront incompatibles.

Cela me fait penser à la "Manif pour Tous"; j'en garde un souvenir amer.
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Écrit par : Blaise / | 11/12/2013

CAMPS

> Ce qui est vraiment intéressant, c’est de prendre en compte les divisions au sein de l’Ukraine, plutôt que de se lancer dans de vagues spéculations franco-françaises, du genre : choisissez votre camp ! l’Europe ou la Russie !

Le "Courrier international" du 29 novembre a mis l’accent, dans un de ses articles, sur le partage Est-Ouest :

« A l'ouest du pays, traditionnellement proeuropéen, les directions universitaires ferment les yeux sur l'absentéisme et la mobilisation des étudiants, tandis qu'à l'est, traditionnellement prorusse, des actions sont intentées pour faire obstacle au mouvement de protestation. »

Vais-je prendre parti pour les ukrainiens de l’Est contre ceux de l’Ouest ou, à l’inverse, approuver les ukrainiens de l’Ouest ?
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Écrit par : Blaise / | 11/12/2013

@ Blaise

> "Ukrainiens et Russes ont beaucoup de mal à se libérer de leur passé traumatisant, avec ses crimes de masse, ses guerres civiles, ses haines à n'en plus finir. Cela saute aux yeux, avec de tels faits d'actualité."

Effectivement, c'est l'impression que cela donne…avec ce cliché persistant que l'on pourrait résumer comme suit : "Les Russes, ça aime le knout".

Symptomatique : selon un sondage récent auprès d'un "échantillon représentatif" de Russes, étaient considérés comme les plus grands dirigeants récents de la Russie/URSS, dans l'ordre, Brejnev, Lénine et…Staline. Avec, en queue de peloton, Eltsine et Ghorbatchev.

Encore plus étonnant (quoique les résultats du sondage cité plus haut ne soient pas si étonnants que cela) : une frange de l'Eglise orthodoxe russe militerait en faveur de la…canonisation du Petit Père des Peuples. Je me souviens d'une interview d'une personne qui avait vécu sous Staline et qui disait en substance : nous savions que Staline était plus cruel qu'Ivan le terrible mais, avec lui, nous bâtissions le socialisme. Finalement, on pardonne beaucoup aux chefs impitoyables… si leurs sujets ont quelque motif d'en être fiers...
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Écrit par : Feld / | 11/12/2013

Blaise,

> votre réflexion sur le fait que c'est la logique de tout grand mouvement est très intéressante mais me pose une question. Dans quelles circonstances faut il accepter de s'allier à des gens qu'on déteste dans un but commun ?
Au passage c'est aussi le dilemme auxquels sont confrontés les démocrates du monde arabe, par exemple en Tunisie, par rapport au fait de s'allier avec les islamistes.
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Écrit par : Chrétien de gauche / | 12/12/2013

@ Feld

> "une frange de l'Eglise orthodoxe russe militerait en faveur de la…canonisation du Petit Père des Peuples."

C'est plus une minuscule poignée de prêtres, qui surfent sur la nostalgie identitaire de certains Russes, qu'une frange de l'Eglise orthodoxe.

En effet, un prêtre a pu faire fabriquer en 2008 une icône de Staline, s'appuyant sur une légende tenace: le dictateur aurait consulté une vieille femme pieuse, sainte Matrona de Moscou, lors de l'invasion de l'URSS, et elle lui aurait prodigué des conseils pour gagner la guerre.

Ce micro-évènement a été récupéré par le Parti communiste, qui encourage à fond le sentiment nationaliste, et même religieux (mais quelle religion !), pour être en phase avec la nostalgie de l'URSS, "grande puissance". Le PC demande donc la canonisation de Staline...

Plus largement, certains prêtres temporisent, en disant que Staline a objectivement adouci le sort de l'Eglise russe, en recréant le patriarcat en 1943, pour unifier la Russie en guerre. Mais l'Eglise dans son ensemble n'oublie pas la persécution.

L’Eglise orthodoxe russe, par sa voix officielle, s’est toujours prononcée contre la nostalgie stalinienne. Contre la majorité des Moscovites, elle a par exemple dit "niet" à l'inscription d'une phrase de Staline dans le métro de Moscou.
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Écrit par : Bougainville / | 12/12/2013

@ Chrétien de gauche

> Evidemment, ce n'est pas évident... Dans le cas ukrainien, il n'y a peut-être pas eu de concertation préalable. Mais je me souviens aussi de ce que disait le père Patrick Desbois, que les Ukrainiens sont très peu sensibilisés au drame de la Shoah...
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Écrit par : Blaise / | 12/12/2013

REFERENCES

> à Blaise - Non, c'est bien plus grave. Les précédents dirigeants ukrainiens (Iouchtchenko le soi-disant "empoisonné par le KGB", et Mme Timochenko l'oligarque soi-disant "martyre de la démocratie"), ont rendu hommage à Bandera et Choukhevitch, les collabos de 1941, en les appelant "patriotes historiques".
Si beaucoup à Kiev ne s'étonnent pas des références 1941 du parti néonazi, qui a de nombreux députés, c'est que ces références sont partagées par un grand nombre d'Ouest-Ukrainiens.
Mais pas d'Est-Ukrainiens, évidemment.
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Écrit par : Makhno / | 12/12/2013

MECHANT BRAS DE FER

> L’ex-colonel du KGB Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir dans la foulée des adhésions à l’OTAN des Tchèques, Hongrois, Polonais… Il a hérité du « complexe d’encerclement » dont a toujours souffert la Russie (à lire « Washington, l’OTAN, les Russes et les Autres », de C. Durandin : http://www.diploweb.com/4-OTAN-histoire-et-fin.html ), complexe sur lequel s’assoient brutalement les leaders politiques américains.

L’affaire ukrainienne va-t-elle faire monter d’un cran la paranoïa du côté russe ? comme l’espère sans doute l‘oncle Sam, furieux de n’avoir pu récupérer Snowden (« logé » par les Russes) etc.

Nous avons affaire à un très méchant bras de fer. M’est avis que l’impérialisme américain, manifeste dans sa politique otanienne, et aujourd’hui dans son projet de « pacte transatlantique » avec l’UE, n’a pas fini de nous pourrir la vie !
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Écrit par : Denis / | 12/12/2013

BANDERA, HITLER, KIEV 2013

> " les collabos de 1941"
c'est vite dit.
A partir de 42 oui car là ils ont pu voir ce que faisaient les Allemands : pas mieux que les communistes.
Il faut différencier les chefs et l'Ukrainien de base qui a pu les suivre.
Mais de la part d'Ukrainiens qui ne s'estiment pas russes et qui ont souffert l'holodomor, peut-on leur en vouloir si en 41, du fond de leur détresse (tout le monde s'en foutait de l'Ukraine) ils ne réfléchissaient plus, écrasés de souffrance, et ont eu la naïveté de ne voir dans l'invasion allemande que le départ des soviétiques ?
70 ans après dans un bon fauteuil, c'est facile. En 17, j'aurais peut-être été bolchevik par dégoût des membres de la cour des tsars.

EL



[ PP à EL :

- Enoncer les faits hisotoriques n'est pas une "facilité". La réalité des faits n'est pas une question d'opinion, même à notre époque postmoderne.

- 1941 ? cette année-là, des bataillons de nationalistes ukrainiens sont parmi les exécuteurs de la Shoah par balles. Chose que "l'holodomor" ne suffit vraiment pas à expliquer...

Chronologie :

- Avant Barbarossa, Stepan Bandera (chef de l'OUN, future UPA) est à Berlin où il met sur pied une légion ukrainienne de la Wehrmacht, bientôt divisée en deux bataillons ("Nachtigall" et "Roland") commandés par le n° 2 de l'OUN, Roman Choukhievitch. Une partie de leurs officiers rejoindront ensuite la SS.

- En juin 1941, l'OUN-UPA de Bandera proclame l'indépendance de l'Ukraine et annonce qu'elle agira "en union étroite avec la Grande Allemagne nationale-socialiste, sous le commandement de son chef Adolf Hitler qui forme un nouvel ordre en Europe et aide le peuple ukrainien à se libérer de l'occupation moscovite."

- En juillet 1941, les Ukrainiens de la Wehrmacht (hommes de l'OUN) massacrent la totalité de la population juive des villages qu'ils traversent sur l'axe Lvov-Vinnitsa. A Lvov, nombre de leurs hommes prennent part à l'exécution de 4000 juifs par les Einsatzgruppen ; ils exécutent aussi les prisonniers polonais. Choukhevitch et ses hommes deviennent l'un des bataillons de police (Schutzmannpolizei) : unités dont les historiens ont établi le rôle dans la Shoah par balles. C'est Choukhievitch qui prend la tête de l'UPA fin 1942.

- Bandera est ensuite escamoté par les autorités allemandes qui ne veulent pas d'un Etat ukrainien. En 1944, elles le chargent d'organiser une résistance ukrainienne à l'avance des troupes soviétiques. Bandera est doté d'un quartier général à Berlin.

- L'Ukraine de la "révolution orange" a édité des timbres à la gloire, non seulement de Bandera, mais de... Choukhievitch. Avec le drapeau rouge et noir dessus.

- Vidéo de l'hommage des "nationalistes" ukrainiens à la division SS Galicie, en 2008 : http://www.youtube.com/watch?v=RmC0uD1me38&feature=related

- Mathilde Goanec, 'Libération' (8/01/2010, 'Les traces enfouies de la Shoah par balles'') : «Tant pis si le panache de ces ''résistants à l’occupation soviétique'' est entaché par leur collaboration de circonstance avec l’Allemagne nazie et leur possible participation à la Shoah. Le sort des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale dérange dans le grand chantier d’une construction d’une histoire nationale en Ukraine». ]

réponse au commentaire

Écrit par : E Levavasseur / | 12/12/2013

NOTIONS MEMORIELLES

> On a beau se moquer de la légendaire cancrerie des américains pour ce qui est de la géographie et de l'histoire mondiale, il semblerait que les Français ne soient guère plus performants en ce qui concerne l'Europe orientale.
Merci à PP de rappeler quelques éléments historiques qui devraient remettre les choses en place dans le courant d'air cérébral de quelques-uns. En regrettant seulement que la grande presse (écrite et audio-visuelle) n'en fasse pas autant !
Mais pour cela, encore faudrait-il que la gent journalistique ait elle-même ces quelques notions mémorielles minimales essentielles sans lesquelles toute analyse n'est qu'un bruit confus s'apparentant à celui des perroquets dans une cage surchargée...
Hélas, les ravages de la pensée unique étant ce qu'ils sont, un large public continuera de croire naïvement que quiconque s'auto-proclame démocrate et pro-européen (subsidiairement anti-russe) est, par essence, vertueux et digne d'être cru sur parole.
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 30/12/2013

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